ven, 12/06/2013 - 12:21
LES 2 LIVRES 2 NOEL AVEC CECILE MONIQUE ET MICHEL
J’ai rencontré Cécile chapitre 25, page 187. Un défilé de mode organisé dans le désert du Niger. Et tout de suite, elle m’a plu. Elle détonnait par rapport aux autres rédactrices en chef (ou pas chef) présentes à cet événement. Pourquoi ? Parce qu’elle regardait ce qui se passait autour d’elle, avant de couiner. Au début, je pensais qu’elle était myope, vous savez, ce délicieux regard des myopes qui n’arrivent pas à faire le point. On a toujours l’impression qu’ils sont défoncés ou qu’ils ne veulent pas vous parler. Je le sais bien, je suis myope comme la taupe. Je me souviens très bien des détails qu’elle relate. Ils sont vrais, et même souvent bien en dessous de la réalité. Quand ses héroïnes trouvent de la nourriture au fin fond des coulisses, je suis très élégamment sauvé par un important acteur de la mode qui partage avec moi la pomme de terre qu’il a réussi à grappiller de l’effroyable bordel qui règne ce soir là. Non. Je ne vous donnerai pas d’autre détails, vous allez être obligé de courir acheter l’ouvrage. Au delà de ce beau conte de fées, vous allez apprendre ce que sont et d’où viennent les tendances, vous allez apprendre que bien mal acquis ne profite jamais aux pauvres, vous allez comprendre les codes et les contraintes de cette grande comédie humaine de la mode, vous allez vous rendre compte que si l’on se presse pour saluer le créateur à la fin de son défilé, c’est pour récolter les budgets pub. Cécile a passé près de deux décades à jouer de l’outil-presse. Elle ne paraît pas comme celle qu’elle décrit dans son roman. Pas de trace visible de botox ou de chirurgie esthétique. Elle pose clairement la question de savoir ce que l’on recherche dans cette frénésie. S’étourdir ? Pourquoi assister à ces défilés, à ces présentations ? Pour les cadeaux ? Non. Trop simple. Pour le fait que l’on a l’impression d’exister parce qu’on pénètre le carré VIP ? Un peu. La mode, m’a-t-on souvent répété, c’est un truc de cocottes et de pédés. C’est un truc où l’on se sent si puissant que l’on peut pousser le challenge jusqu’à faire un scandale chez McDo parcequ’il est impossible d’y trouver des couverts à poisson lorsqu’on y déguste un filet-o-fish. Maintenant, je vous propose un exercice facile glané dans la très sérieuse étude des Pinçon Charlot. Postez-vous devant la vitrine du magasin le plus chic de votre ville. Une boutique Dior, Chanel, Gaultier, Les Frivolités de Sophie, ou Au vrai Chic Parisien. Regardez les vitrines et entrez. Surtout, ne regardez pas le vigile qui se tient devant vous. Un truc qu’un lépreux m’avait appris un jour à Mexico. Vous n’êtes pas en infraction, mais le flic à dans l’idée de se faire un peu de tune. Il vous pointe du doigt, il siffle. Vous regardez ailleurs, il continue de siffler, vous avancez, il laisse tomber. Donc, vous entrez dans la boutique et vous errez dans les rayons. Vous touchez ce qui vous tombe sous la main, c’est à dire les plus belles étoffes du monde. Quand vous serez assez aguerris, essayez un modèle. Le commerçant ne peut vous le refuser. Au mieux on vous prendra pour un nouveau riche incapable de se tenir, au pire, pour un client mystère. Quel sentiment anime ces auteurs ? La transmission. Certains trouveront la trame de l’histoire écrite par Cécile usée jusqu’à la corde ? Répondez-leur Flaubert, et les interdictions qui ont touché Madame Bovary à sa sortie. Répondez-leur Shakespeare, Perrault, et le plus pompeur de tous les pilleurs d’histoires, Walt Disney. Certains trouveront l’ouvrage des Pinçon Charlot manifestement extrême ? Répondez-leur que l’on ne peut pas toujours se contenter d’eau tiède. J’émets quand même une réserve. Pour Cécile, le personnage de la méchante Marine n’est pas un bon personnage. Que nenni ! Nous sommes tous des Marine, nous sommes tous des Pinçon Charlot. Bref, préférons-nous être là où il faut être ou là où nous avons l’impression qu’il faut que nous soyons ?
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