PARIS – FASHION WEEK PRINTEMPS ÉTÉ 2013

Agathe Deusy n’est pas une photographe ordinaire. Tout d’abord parce que ce n’est pas (encore tout à fait) son métier, ensuite parce que, même si elle fait partie de la nouvelle génération de reporter 2.0, elle pense d’abord à regarder ce qu’elle voit avant d’appuyer frénétiquement sur le déclencheur de son appareil. Déclencheur ! C’est la première fois qu’Agathe Deusy avait accès à l’univers tant convoité des présentations de mode, son récit imagé de néophyte éclairée est un pur délice. PM

 

 

Fashion week (définition clichée du néophyte) : événement people incontournable, réservé à une élite, durant lequel des mannequins anorexiques présentent des vêtements importables.


Je suis néophyte de la mode, j’ai ce cliché de la fashion week en tête, Mais ! J’ai eu la chance de pouvoir suivre Pascal Mourier et son cameraman Sébastien Bauer toute une semaine pour les défilés des collections Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2013, d’être leur ombre, discrète et observatrice, de pénétrer dans des endroits fermés et de savourer ma passion pour la photographie sans censure ni ligne directrice stricte.

 

Ground Zero

 

Le Moine Tricote


9 jours de fashion week, 95 défilés officiels (plus les autres) qui se succèdent toutes les heures dans des lieux différents, c’est un véritable marathon à travers Paris que nous avons commencé en ce mardi 25 septembre 2012.


L’invitation nominative est la clé d’accès à un défilé mais elle n’ouvre pas toujours toutes les portes. L’accès de la presse dans les backstages varie en effet d’un créateur à un autre, d’une agence de presse à une autre et dépend aussi souvent de son réseau de connaissances. Si par chance il est autorisé, alors toutes les étapes de la transformation des mannequins sont accessibles avec une facilité et une proximité déconcertantes.

 


Les backstages sont l’endroit rêvé pour un photographe qui veut saisir des instants de vie. C’est un véritable microcosme dans lequel l’ambiance est souvent très détendue et l’a été de plus en plus tout au long de la semaine.

 

Arzu Kaprol

 

Impasse de la Défense

 

Arzu Kaprol


L’interaction entre les mannequins, créateurs, coiffeurs, maquilleurs, habilleuses, photographes et autres personnes aux rôles diverses est particulièrement intéressante à capter car l’instant du maquillage et de la coiffure est souvent très intense. Il faut rapidement effacer les traces du défilé précédent et créer les lignes imposées par celui à venir. Les filles sont tiraillées de tous les côtés, démaquillées, remaquillées, décoiffées d’un magnifique chignon pour obtenir des cheveux très lisses, laquées et confiées à la dame aux cent vernis à ongles Chanel.

 

Arzu Kaprol

 

Arzu Kaprol

 

Arzu Kaprol

 

Arzu Kaprol

 
La répétition générale est l’instant décisif de l’avant défilé. Les mannequins n’ont qu’un seul passage pour assimiler leur trajectoire, le rythme de leur démarche et leur ordre de passage. C’est l’instant de concentration par excellence, l’instant des dernières recommandations « attention de ne pas marcher avec vos pieds trop serrés car si vos chaussures se touchent cela va casser les pierres », des réglages de chaussures trop grandes, du briefing des habilleuses.

 

Liu Fang

 

Jean-Charles de Castelbajac


Si l’accès aux “backstage“ n’est pas autorisé, il nous faut alors prendre notre mal en patience dans la salle à l’architecture parfois étonnante. Le but consiste à trouver une bonne place sur le podium et à la garder jusqu’au début du défilé. La plupart des photographes et cameramen se connaissent et il existe une vraie solidarité entre eux pour que chacun puisse faire son travail correctement même s’il faut parfois jouer des coudes pour rentrer dans des trous de souris car c’est une véritable surenchère à l’escabeau le plus haut. On les entend dans toutes les langues – principalement en anglais et en italien – échanger leurs opinions sur les défilés passés et se prononcer sur ceux à venir.

 

Jean-Charles de Castelbajac

 

Louis Vuitton


Les invités appelés aussi « buyers » ou « standing » arrivent enfin et c’est aussi un défilé à part entière. Les personnages se succèdent, des mannequins célèbres aux fashion addict, en passant par la presse internationale. Les looks, tous plus improbables les uns que les autres, s’enchainent devant mon ahurissement « il y a donc vraiment des gens qui s’habillent comme ca ? ». Les journalistes s’affairent autour des personnalités de la mode et des people.

 

Maison Martin Margiela

 

Ground Zero

 

Jean-Charles de Castelbajac


Sur le podium ça s’impatiente. Déjà une demi-heure de retard, les photographes et cameramen s’amusent à réclamer le silence. « Chuuut », ça marche à tous les coups et ça les fait beaucoup rire.

D’un seul coup l’ambiance change. Tout le monde est assis à sa place, on vérifie une dernière fois nos réglages après cette longue attente. La protection du tapis est enlevée et la lumière se tamise avant l’allumage des projecteurs. Le défilé est imminent.


Les premières notes résonnent, c’est le top départ pour 12 à 15 minutes de défilé. J’ai souvent eu tendance à être happée par les premiers modèles, coiffure, maquillage, style vestimentaire, musique, décors et j’ai chaque fois été intriguée, étonnée ou émerveillée par la nouvelle histoire qui se dessinait, toujours différente de celles vues précédemment.
Les filles passent les unes après les autres, concentrées et parfois joueuses, j’essaye de capter un regard, une expression, un mouvement de tissu, quelque chose d’original. Pieds trop serrés, les chaussures ont finalement cassé mais les mannequins sont très pros dans leur façon de contourner l’obstacle imprévu.

 

Rick Owens

 

Louis Vuitton

 

Elie Saab

 

En un clin d’œil c’est terminé, elles défilent une dernière fois toutes ensemble, et on aperçoit très brièvement le créateur. En moins d’une minute les lumières se sont rallumées, les spectateurs se sont levés et sont partis, les photographes ont rangé leur matériel et sont en route pour un nouveau défilé. En moins d’une minute, ce pour quoi nous attendions depuis des heures n’existe plus. Une poignée de journalistes est encore présente pour obtenir une interview du créateur, quelques proches sont là pour le féliciter. On prend, encore et toujours, notre mal en patience pour recueillir quelques mots. On abandonne parfois.

 

Jean-Charles de Castelbajac

 

Jean-Charles de Castelbajac


Et nous voilà à notre tour partis dans la Twingo à travers les rues de Paris, circulation insupportable, sandwich à la va-vite, récupération des invitations, parking, arrivée dans un nouveau lieu, refoulage à l’entrée des backstages. L’histoire se répète sans rien de semblable pourtant. C’est sûrement cela la magie de la fashion week …

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Photos : Media TV Presse

© Agathe Deusy

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