La ville de Tunis vient d’organiser sa seconde Fashion Week. Cet événement esthétique, économique et social, que de nombreuses villes tentent de mettre sur pied, doit affirmer un positionnement précis. Voici l’expérience tunisienne : comment passer de pays fournisseur de vêtements depuis 40 ans, à pays créateur de mode ?

Sarra JAWAHER SOUSSI

Directrice artistique Fashion Week (Artistic director, Fashion Week)

TUNIS

On est plus dans la logique du prêt-à-porter. Il faut maintenir la qualité, il faut être compétitif, sachant que la Tunisie a quand même un niveau de vie plus élevé que d’autres concurrents, donc il faut tabler sur cette main d’œuvre qualifiée, qui va permettre de proposer un produit qui soit en phase avec la tendance, de bonne qualité et puis compétitif par rapport à une gamme.

Le drame Tunisien est de ne pas consommer Tunisien. Si les robes bling bling orientales sont encore plébiscitées, la Fashion Week a fait défiler des choses très étranges : des marques anglaises, par le biais d’un magasin multi-marques géré par une ex-trader, dans une boutique installée en étage, située dans un quartier d’affaire en construction. Nouvelle tendance ?

Nadia BEN MLOUKA

Présidente High Fashion Street (General manager, High Fashion Street)

TUNIS

La tendance italienne, française, existe déjà depuis très longtemps en Tunisie, de par la proximité géographique, nous étions un pays colonisé, comme le Maroc, l’Algérie, par la France, donc on est assez proche de la culture française, italienne. Le concept londonien, c’est vraiment tout nouveau.

Mais pourquoi ne proposer aucune création Tunisienne ?

Nadia BEN MLOUKA

Présidente High Fashion Street (General manager, High Fashion Street)

TUNIS

Les Tunisiens, et je pense que c’est pareil pour les pays voisins, ont encore envie de se dire : j’achète de l’étranger … vous voyez ce que je veux dire ? Il y a ce côté : j’ai acheté quelque chose qui vient de Londres. Quelque chose qui vient de France, ou de Dubaï, ou du Liban. Ils aiment cet effet là. Le consommateur n’est pas encore assez mâture en Tunisie. Il a encore beaucoup de choses à apprendre. Il n’y a pas assez de choses ici pour dire : ça j’aime, ça je n’aime pas.

Et pourtant ! La Fashion Week a présenté un créateur Tunisien moderne, affirmé : Salah Barka. Autodidacte, 35 ans, ex costumier de cinéma, il provoque, il manie l’humour, il fédère.

(Une mannequin, non citée, dans la cohue de fin de défilé)

Il est bon, il est généreux, il est noir, il est le meilleur !

Laissez le parler ! Racontez-nous cette collection !

Salah BARKA
Créateur (Designer)

TUNIS

C’est un mélange religieux, c’est un mélange artistique,  c‘est un mélange ethnique, voilà, c’est riche en couleurs, c’est riche en formes, à chaque modèle, ça retrace une histoire, c’est riche en détails. C’est Salah Barka, c’est coloré !

En route pour le parcours du créateur combattant :

Obtenir l’engagement des banques, des écoles de mode, des industriels, des revendeurs,

ce n’est pas gagné, mais, la Tunisie n’est-elle pas un pays réceptif et réactif ?

REMERCIEMENTS

2ème bureau

Yalil production

High Street Fashion

Fashion Week Tunis

Cristel Boukhari

Salah Barka

Dar Zarrouk

ENGLISH VERSION: