MICHAEL JACKSON VEND SON BLOUSON
ENTRETIEN EXCLUSIF DEBORAH NADOOLMAN LANDIS
Le blouson rouge de Michael Jackson vendu aux enchères !
Yes, this is it ! Les 25 et 26 juin à Beverly Hills pour le second anniversaire de sa mort. Cette veste sera mise à l’encan. Et cette veste à une histoire : John Landis, le réalisateur américain avait réalisé un véritable court métrage qui a révolutionné l’art du clip.
Landis a travaillé avec son épouse, Deborah Nadoolman Landis. costume designer et prof à UCLA. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur les Blues Brothers. Deborah Nadoolman Landis est une femme extraordinaire. Quand je l’ai appelé pour lui demander ce qu’elle pensait de cette vente, elle m’a confié : Michael Jackson voulait que ce film soit le plus grand des petits films hollywoodiens !
Why a red jacket?
Pourquoi un blouson rouge ?
Thriller was not designed as a 'music video.' It was designed as a movie – a feature film. We were a film crew who approached the script (written by John Landis) as we would any big budget film. No one thought of this as a "performance piece" or a filmed song.
In this way, my approach to Thriller was how it always is with every script – I read the script, speak to the director, break down the script for the number of changes the actor must have, and I study the requirements and tone of the screenplay. All design is reductive. In Thriller, the color palette was key to telling the story.
I knew that Thriller would be entirely shot at NIGHT…it was about the fear of the darkness. Of course, by 1983 I already had experience designing for African Americans, in the Blues Brothers and also for Eddie Murphy in Trading Places. It makes sense, when asking about "Why is the Jacket is Red?" if you start to think about the design problem dressing an African American star in an exterior night time setting. As I explain further, consider also the difference in the role between the costume designer and the fashion designer.
Using black on Michael was absolutely out – his slight frame would simply disappear into the shadows. White wouldn’t work. By process of elimination, red became the best solution. Red would pop when Michael sat in the movie theater, red would pop in a dark alley, and red would pop at the ghoulish dance. Red symbolized blood and life. Red worked as a story point and as a visual catalyst. Red was it. I like to say that all design is reductive. Imagine, I’m reading this script, and when I finally got to the end, the denouement, the crescendo of the dance in the alley with the ghouls, I knew I had to have him in a color that would absolutely pop off the screen. There was so much fog and mystery on the set, lots of black, white, beige, gray, brown, that’s when I thought to myself: which color would really stand out?
Thriller ne rentre pas dans la catégorie des « Clip musicaux ». Il a été conçu comme un film – un long-métrage. L’équipe à travaillé sur le scénario (écrit par John Landis) comme sur celui d’un film à gros budget. Personne n’a pensé qu’il s’agissait d’une performance ou encore d’une chanson filmée.
Ainsi, mon approche de Thriller à été la même que n’importe quel scénario – Je lis le scénario, j’en discute avec le réalisateur, j’analyse le texte pour connaitre le nombre de changements de costumes de l’acteur, j’étudie les exigences et le ton employé par le scénario. Dans ce cas, le « Design » est réducteur. Pour Thriller, une palette de couleur était nécessaire pour raconter l’histoire.
Je savais que Thriller serait tourné entièrement de NUIT… le sujet étant la peur de l’obscurité. Bien sûr en 1983, j’avais déjà créé des costumes pour des acteurs noirs américains, dans Blues Brothers et pour Eddie Murphy dans Un fauteuil pour deux. C’est logique quand on y pense : « Pourquoi une veste rouge ? » pour habiller une star noire américaine dans un décor extérieur de nuit. Il faut aussi prendre en considération la différence qui existe entre le travail du Costume Designer et celui du Couturier.
Que Michael soit habillé en noir était complètement hors de question – sa silhouette aurait complètement disparu dans la pénombre. Le blanc n’aurait pas marché. En procédant par élimination, le rouge restait encore la meilleure solution. Avec l’utilisation du rouge, Michael se distingue lorsqu’il est assis au cinéma, dans l’allée sombre, ou bien pendant la danse macabre. Le rouge symbolise le sang et la vie. Il fonctionne comme un pilier de l’histoire et un catalyseur visuel. C’était le rouge, sans hésitation. Pour le coup, tout « Design » était réducteur. Imaginez, je lis le scénario, et arrivée à la fin, une fois le dénouement passé, le crescendo de la danse dans l’allée avec les zombies, je savais qu’il fallait qu’il porte une couleur qui éclate à l’écran. Il y avait tellement de brouillard et de mystère à l’image, beaucoup de noir, de blanc, de beige, de gris, de marron, et là je me suis dit : Quelle couleur arriverait à se distinguer ?
Why this model?
Pourquoi ce modèle en particulier ?
Instead of making Michael's jacket at a studio costume workroom, I found a small leather boutique on Melrose Avenue in Hollywood where I designed this jacket on an upstairs cutting table. They were accustomed to working with leather and I found that very helpful after my experience designing all the leather jackets for Indiana Jones in 1980. It is an odd fact, but very true, that costume designers use no possessory labels. In other words, this little boutique put their name in my jacket – and I have no label. I share this old tradition and foolishness with all my costume designer colleagues.
Au lieu de faire la veste dans un atelier de confection de costume, j’ai trouvé une petite maroquinerie sur Melrose Avenue à Hollywood, où j’ai conçu cette veste sur une table de découpage à l’étage. Ils avaient l’habitude de travailler le cuir. Moi aussi, après l’expérience que j’avais eu en designant les vestes en cuir pour Indiana Jones en 1980. C’est étrange, mais tellement vrai, les costumes designers n’utilisent pas de marque en nom propre. En d’autres mots, c’est cette petite boutique qui a signé ma création – Je n’ai pas ma marque. Je partage cette vieille tradition, et sottise, avec mes collègues Costume Designers.
What features should it has?
Quelles sont ses caractéristiques?
Part of the reason why John [Landis] decided to use Ola Ray was that he felt having a girl in the story would make Michael more virile. That became my goal with Michael’s costumes. To enhance his physique and machismo, I had designed a red leather jacket with broad quilted over-scale 80’s shoulders (Michael was 99 pounds soaking wet). I had sketched different looks and once I decided upon the jacket with the V and the extended shoulders, that was it. It’s graphic and structural, and I wanted a strong silhouette. The V in the jacket echoes the pyramidal shape of the choreography. Michael is at the head of the chevron, and the ghouls dance their way down the street towards the viewer.
John (Landis) à décidé d’utiliser Ola Ray car inclure une jeune femme dans l’histoire faisait apparaître Michael comme plus viril. C’est devenu ma priorité avec les costumes de Michael. Afin de renforcer son aspect physique et son machisme, j’ai conçu une veste en cuir rouge avec des épaulettes extra-large matelassées type années 80 (Michael devait peser 50 kilos tout mouillé). J’ai dessiné plusieurs silhouettes, et mon choix s’est porté sur la veste en V avec les épaulettes over size. C’est graphique et structuré, et je voulais une silhouette imposante. Le V de la veste rappelle la structure pyramidale de la chorégraphie. Michael est à la tête du chevron et les zombies avancent en dansant vers le spectateur.
What is its story?
Quelle est son histoire ?
Michael agreed to see the costume design sketches at a late-night break while recording Bad. At about midnight, I fell into a deep sleep on the receptionist’s sofa. Michael was in a great mood when he woke me at about 2am. Reviewing the drawings, I shared the idea of ‘red’ and my wish to keep his silhouette strong but simple. No chains and buckles this time and Thriller needed to be ‘glove’ free. After my nervous hesitation, I was overwhelmed with Michael's openness and generosity of spirit. When Michael saw the film dailies he adored it.
Michael a accepté de regarder les dessins de la veste lors d’une courte pause au milieu de la nuit entre deux enregistrements de Bad. Vers minuit, je me suis endormie sur un canapé à la réception. Michael était de très bonne humeur lorsqu’il m’a réveillé sur les coups de 2 heures du matin. Nous regardions ensemble les dessins, j’ai soumis mon idée d’utiliser du rouge et de partir sur une silhouette simplifiée plus imposante. Pas de chaînes ni de boucles cette fois –ci, il fallait faire thriller sans gants. Après une hésitation nerveuse, j’ai été ravi de voir l’ouverture d’esprit et la générosité dont faisait preuve Michael. Lorsque Michael a vu les Rushes, il a adoré!
What kind of a relationship united Michael to his outfits, to your outfits ?
Quelle est la relation qui unissait Michael à sa tenue, votre tenue?
In retrospect, it was amazing that Michael allowed me such autonomy with the design for the costumes for Thriller. He had already established a strong look in his performances and previous videos. Not as extreme as the epaulette and braided military jackets he was later to adopt, but the silver glove, the chains, buckles and bondage accoutrements were already standards in his wardrobe. He had adopted white socks and soft black loafers, in homage to Fred Astaire, who danced in loafers throughout his career. The flash of white at the ankle brought attention to those magic feet.
Perhaps it was working with filmmaker John Landis (whom he regarded as a creative peer) that allowed him to participate in Thriller as an actor starring in a movie. With Michael as a leading actor, I worked within my job description as a costume designer who interprets a character from a screenplay. I was not a stylist creating a ‘look’ for a rock star. Michael wanted to be part of our world; he yearned to make Thriller the biggest little Hollywood movie.
Michael was one of the most naturally elegant people ever to walk this planet. His grace of movement, his narrow vertical frame, and his taste for the extraordinary made him a style icon. To quote Diana Vreeland “..too much good taste can be boring.” And Michael was never boring!
Rétrospectivement, c’est incroyable l’autonomie avec laquelle Michael m’a laissé travailler sur les costumes de Thriller. Il avait déjà affiché un look marqué lors de ses performances et vidéos précédentes. Pas aussi extrême que les épaulettes et les vestes militaires tressées qu’il a par la suite adopté, mais les gants argentés, les chaines, les boucles et l’accoutrement de servitude qui était déjà des classiques de sa garde-robe.
Il avait adopté les chaussettes blanches et les mocassins noirs en hommage à Fred Astaire, qui a dansé en mocassins durant sa longue carrière. La touche de blanc attirait l’attention sur ces pieds magiques.
Peut être est-ce en travaillant avec John Landis (qu’il considérait comme un pair créatif) qu’il a pu être un véritable acteur dans Thriller. Avec Michael dans le rôle principal, j’ai pu remplir ma mission de costume designer qui interprète un personnage couché sur papier. Je n’étais pas un styliste qui cherche à créer le « look » d’une rock star. Michael voulait appartenir à ce monde qui est le nôtre ; il voulait faire de Thriller, le plus grand des petits films de Hollywood.
De toutes les personnalités qui ont foulé cette terre, Michael était l’un des plus élégant, et ce naturellement… Sa grâce de mouvement, sa verticalité et son goût de l’extraordinaire ont fait de lui une icône de style. Pour citer Diana Vreeland : « Trop de goût peut devenir vite ennuyeux. » et Michael était tout sauf ennuyeux !
propos receuillis par Pascal Mourier le 6 juin 2011